Quand on attend un enfant, les neuf mois de grossesse sont souvent bien nécessaires aux parents pour l’imaginer, le percevoir et se préparer à l’accueilir. Mais qu’en est-il de l’adoption ? Entre doutes et espérance, les parents attendent plusieurs années avant la rencontre tant désirée… Mariée depuis six ans, Marie-A, 27 ans, témoigne du long chemin vers l’adoption qui l’a menée avec son mari jusqu’à Saïgon. Quel a été leur parcours du combattant ? Comment s’est passée la rencontre avec leur fille ?
« Mon mari et moi avons rapidement eu un désir d’enfant. Plusieurs mois passent et notre doux conte de fées s’assombrit… »
Un diagnostic sans appel
« Deux ans après notre mariage, le diagnostic médical est posé : nous ne pourrons sûrement jamais avoir d’enfant biologique sans l’aide d’une PMA très poussée. Nous sommes anéantis. Pour nous, avoir un enfant est comme un cadeau de la vie… Comment accepter d’être oubliés ? Nous nous disons tout de suite que ce problème est notre problème à tous les deux et que nous ne voulons surtout pas incriminer celui qui porte « l’anomalie ». Il nous faut alors tout redécouvrir : notre couple, la sexualité, qui se voit gravement amputée de la fécondité, la communication… »
Réapprendre à vivre
« Après une période de révolte, nous avons appris à vivre le moment présent, jour après jour… Et quand c’était trop dur, demi-journée par demi-journée ! Mon mari, qui rêvait depuis longtemps de monter son entreprise, a voulu concrétiser sa création en ces moments difficiles. De mon côté, j’étais obsédée par l’idée de l’adoption et ne comprenais pas que son travail puisse passer avant. Je savais que celle-ci nécessitait des coûts et un investissement humain total… Il nous fallait une solution économiquement et émotivement stable ! Nos points de vue divergeaient. Nous avons réfléchi posément et avons décidé de nous laisser le temps de vivre, sans forcément passer tout de suite par un projet d’adoption. Nouveau boulot, nouvelle vie… Nous avons choisi de partir à l’aventure avec comme solides appuis notre couple, nos familles et amis ! Ces mois ont été très durs et en même temps nous ont permis de tout repenser, de tout réapprendre. Nous étions blessés, mais profondément heureux.
Le choix de l’adoption
Ce processus de deuil nous fait ressentir une évidence paisible et claire cette fois-ci pour nous deux : ce sera l’adoption ! Notre famille comprend bien ce choix personnel. Et même si nous respectons ceux qui s’orientent vers la PMA ou qui choisissent de faire une croix définitive sur les enfants, nous avons trouvé notre propre voie. Nous ne voulions pas d’un bébé à tout prix… Nous ne nous sentions pas de vivre que par et pour ça, d’arrêter de vivre. Nous nous sommes alors laissés une année de « jachère » pour digérer cette nouvelle et nous préparer à la suite. Pendant ce temps entre parenthèse, je me prépare doucement à accueillir un enfant qui n’aura pas nos traits. Lorsque je croise des gens de nationalités différentes, je les dévisage en pensant que notre enfant leur ressemblera peut-être. J’observe leurs traits, les scrute et trouve ces personnes magnifiques ! »
Des démarches longues et déroutantes
« Commence alors la longue procédure d’adoption : rendez-vous avec des assistantes sociales, des psychologues, séparément, en couple. Nous sommes observés, questionnés dans notre intimité… Ces moments sont difficiles à vivre, mais nous décidons de jouer le jeu et les entretiens se passent très bien. Une fois l’agrément en poche, nous postulons dans des Organismes Agréés pour l’Adoption (OAA) et nous inscrivons sur la liste des pupilles de l’état (bébés nés sous X). Nous rédigeons plus de 110 dossiers avec lettres de motivation, photos, rapports… Les questionnaires sont parfois déroutants : « quelles pathologies accepteriez-vous ? » avec des centaines de cases à cocher : QI